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dimanche 24 août 2014

La loi sauvage par Nathalie Kuperman



La loi sauvage


Résumé :
"Votre fille, c'est une catastrophe." C'est ce que dit la maîtresse à une mère un matin devant l'école. La phrase fait son chemin dans l'esprit fragile de Sophie et la renvoie à une douleur ancienne, également d'origine scolaire. Ressurgissant au contact du mot "catastrophe", cet événement traumatique entraîne toutes sortes de perturbations dans sa vie, y compris dans son travail. Chargée de rédiger des notices pour appareils ménagers, elle laisse affleurer ses angoisses dans les modes d'emploi qui deviennent de plus en plus loufoques... La loi sauvage est une descente en spirale dans l'univers mental d'une mère aux prises avec la vie scolaire de sa fille, mais aussi avec sa vie quotidienne, sentimentale et professionnelle. L'amour maternel est ici décrit, avec l'originalité et l'humour propres à l'auteur, à la fois comme un recours salutaire et une passion toxique.

Mon avis : Je ne vais pas y aller par quatre chemins. Je n'ai pas apprécié ce livre. Il ne manque pourtant pas de qualités, notamment stylistiques. Le style de l'auteur est intéressant, nerveux, et très réaliste. C'est ce style qui m'a fait lire cet ouvrage jusqu'au bout. Cependant, l'histoire, elle, est peu intéressante. On n'accroche pas à la mère de Camille, femme totalement névrosée et antipathique, qui, pleine de poncifs et de rancœur, déverse sa haine, elle qui l'avait subi enfant, envers une maîtresse que finalement rien n'accable. Pas même le votre fille, c'est une catastrophe, qui choque la mère mais moins le lecteur tellement la réaction de cette première est disproportionnée et les insultes, généralités et poncifs peu engageants. Est-ce la volonté de l'auteur de faire de la mère un personnage presque détestable pour qui aucune empathie ne naît ? Je ne sais pas. Les chapitres « modes d'emploi » sont meilleurs vers la fin du récit, quand on arrive à quelque chose de plus personnel, quoique emplis de banalités sur le racisme et sur cette mère petite-bourgeoise qui considère sa fille comme une merveille. C'est finalement une mère, en ce sens, mais il est désespérant de sentir l'éloge de l'Enfant-Roi, qui a tous les droits, n'a pas de reproches à se faire, brimé par une école mauvaise, esseulé à cause de… (oui, les points de suspension sont là car on ne sait pas trop où se situe le problème). J'ai trouvé ridicule qu'elle s'offusque de ne pas être parmi les parents de la sortie scolaire, comme si, dans sa paranoïa, un complot contre elle avait lieu, alors qu'il n'en est rien.
On sent par moments que l'auteur critique l'attitude disproportionnée de la mère mais on a aussi l'impression que c'est pour la dédouaner des maux dont le lecteur l'affuble. L'antipathie qu'elle procure, outre par ses délires obscènes et vulgaires sur une maîtresse d'école, par le fait qu'elle magnifie sa fille, est, elle, continue. On pourrait se dire que la mère de Camille est complètement à côté de la plaque et faire naître un peu de sympathie pour elle qui est en souffrance. Mais ça ne marche pas.
Finalement, on se demande si l'auteur ne cherche pas à montrer à quel point le phantasme de la mère est omniprésent à cause de cette humiliation subie durant son enfance, à l'école, lieu qu'elle finit par exécrer. Mais, à mon sens, le problème vient que l'on ne voit pas trop où l'auteur veut en venir, ce qu'elle veut conter, nous faire apprendre ; heureusement le style, le professionnalisme de l'auteur en matière d'écriture nous accroche jusqu'à une fin abrupte, une fin plutôt de chapitre que de livre qui laisse un goût d'inachevé dans ce récit.


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