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lundi 31 mars 2014

La fortune des Rougon, par Emile Zola

 
Quatrième de couverture: Dans la petite ville provençale de Plassans, au lendemain du coup d’Etat d’où va naître le Second Empire, deux adolescents, Miette et Silvère, se mêlent aux insurgés. Leur histoire d’amour comme le soulèvement des républicains traversent le roman, mais au-delà d’eux, c’est aussi la naissance d’une famille qui se trouve évoquée : les Rougon en même temps que les Macquart dont la double lignée, légitime et bâtarde, descend de la grand-mère de Silvère, Tante Dide. Et entre Pierre Rougon et son demi-frère Antoine Macquart, la lutte rapidement va s’ouvrir.


Mon avis: Ce premier opus de la série des Rougon-Macquart a de grandes qualités dont la capacité de Zola à nous faire voyager à travers une époque, à travers plusieurs décennies, une vie entière, avec des transitions indolores. L'auteur a aussi ce talent de nommer parfaitement ce qu'il veut faire voir au lecteur; en quelques mots il cerne une émotion, un lieu, une chose, une action et nous transmet l'ensemble. Dans cette analyse de la société bourgeoise de province au moment du coup d'État de Napoléon III, on voit poindre les Macquart, avec leur misère et Zola ne verse pas dans le misérabilisme bien qu'il ait une vision manichéenne de ses personnages: le gentil, niais, Silvère et sa petite Miette, d'un côté; de l'autre, le gros bourgeois Rougon et l'envieuse feignasse de Macquart. On manque un peu de nuances dans ce livre très engagé et parfois très drôle, lors de la prise de la mairie par les membres du Salon Jaune suivi de la version racontée, la glace brisée, les peurs bourgeoises, etc. 
C'est un livre plus qu'appréciable, devenu un classique français du XIXe.



Challenge classique 3

Les censiers et les mutations des campagnes du Hainaut français, par Fulgence Delleaux

 

Quatrième de couverture: Les campagnes du Hainaut français sont déjà dominées à la fin du Moyen Âge par les « censiers ». Ces moyens et grands exploitants en fermage sont à la tête d'exploitations appelées « censes ». Pourvoyeuses d'emplois et propriétés bien souvent des seigneurs, elles se distinguent par de vastes bâtiments et une cour fréquemment fermée par un porche. Les censiers produisent surtout des céréales, des ovins et des bovins, en plus ou moins grandes quantités selon les terroirs. La préservation des marges bénéficiaires et l'augmentation si possible des profits sont au cœur de leurs préoccupations. Pour y parvenir, ils font preuve d'inventivité et de souplesse, surtout lorsqu'une conjoncture particulière se présente.

Mon avis: C'est un livre sur un sujet pointu, très pointu. Il y a peu de chance que le grand public soit intéressé par cet ouvrage, à moins de faire des recherches personnelles sur le Nord sous l'Ancien Régime… ou d'avoir, comme c'est mon cas, des ancêtres censiers.
Ceci dit, le simple curieux en histoire, celui qui aime l'histoire, peut lire cet ouvrage. Fulgence Delleaux, maître de conférence en histoire moderne à l'université de Namur, écrit aisément, avec un style alerte, qui vous fait lire cette étude d'une traite. Sans être un ouvrage de vulgarisation — ce qu'il ne pourrait être puisqu'il est, à ma connaissance, le seul livre sur les censiers — il est lisible par tous et intéressant. L'étude est poussée, on voit un travail de recherches colossal notamment par le manque d'ouvrages sur le thème; on a encore besoin de ces historiens qui vont dans les dépôts d'archives et nous en sortent de telles études.

En somme, il s'agit d'un ouvrage éclairant, accessible au large public sans rien sacrifier à la rigueur scientifique. Un livre que tout descendant de censiers doit posséder et que je conseille à tout amateur d'histoire.