Difficile
d'écrire sur un classique et pourtant je vais essayer. Cléo de 5 à
7 conte l'histoire d'une jeune chanteuse, très belle, qui découvre
qu'elle est peut-être atteinte d'une grave maladie et on suit sa vie
durant ces deux heures, de 5h à 7h. Bon en fait, le film dure 1h30,
mais ce n'est pas bien grave (à vrai dire on suit Cléo de 17h à
18h30, mais avouez que ça n'aurait pas fait un titre terrible).
Cléo
interprétée par la magnifique Corinne Marchand, déambule dans
Paris et multiplie les petites aventures avec ce fil rouge tragique.
Un film très écrit, aux dialogues délicieux, notamment ceux du
personnage Antoine, particulièrement séduisant grâce à
l'interprétation d'Antoine Bourseiller, acteur assez peu connu qui
fit une apparition dans Masculin-Féminin.
Le
noir et blanc, le montage font de ce film un des bijoux de la
nouvelle vague sans renier le passé du cinéma avec au milieu un
court-métrage muet au casting en or (Godard, Anna Karina, JC
Brialy). Et puis il y a la musique, écrite par Varda elle-même,
composée par Michel Legrand et dans lesquelles Corinne Marchand
excelle, toujours sur ce thème omniprésent de la mort que la jeune
Cléo ne cesse de croiser dans ses pérégrinations (notamment des
masques africains).
La
superstition est aussi présente tout au long du film et elle est
gage de vérité. De la voyante au miroir brisé en passant par les
chapeaux, tout concourt à conduire Cléo vers son destin : la mort.
Ce destin semble inéluctable et les signes, comme dans la Grèce
Antique, sont lus et la belle Cléo ne pourra échapper au destin
funèbre.
Un
film captivant, différent de certains métrages de la Nouvelle Vague
que j'ai pu voir. Moins intellectualisant que ceux de Godard, il me
fait davantage penser à ceux de Bresson où le moindre dialogue
semble être écrit et respecté à la virgule près.
Une
oeuvre à découvrir.