Le
passant du bout du monde par Francisco Coloane
Résumé : A quatre-vingt-dix ans
bientôt, le vieux loup du Grand Sud nous sort un dernier tour de son sac :
l'histoire de sa vie, rien de moins. Qu'on ne s'attende pourtant pas à lire une
autobiographie au sens classique du mot. Coloane, depuis son enfance dans l'île
de Chiloé, fouetté par les vents du large, jusqu'aux années de la notoriété
dans le sillage de son " frère " Pablo Neruda, navigue à vue - et
compose son livre à l'inspiration : un livre aussi indiscipliné que sa
tignasse. Bref un récit à la Coloane, un de plus, et de grande allure.
L'écrivain s'en explique : il a toujours voulu que ses livres taillent leur
route aventureuse au plus près de la vie. " J'ai veillé, dans ces
dernières pages, à ce que l'écriture triche le moins possible. Au moins mes
lecteurs ne seront pas dépaysés. Je leur vends cette fois encore le même
alcool, tiré du même alambic, un alcool aussi peu frelaté que possible -
simplement, cette dernière cuvée aura mariné un peu plus longtemps que les
autres dans le tonneau. "
Mon avis
: Coloane
nous livre sa vie dans cet ouvrage que j'ai trouvé un peu inégal. Si l'on
retrouve sa force dans ses brèves mais intenses descriptions des paysages
fuégiens, sa passion pour les contes et légendes, on ne prend pas le même
plaisir qu'à la lecture de ses romans. L'on se passionne pour le chapitre
premier, sur son enfance, mais beaucoup moins pour ses récits de voyage ou
encore pour sa vie à Santiago. Ceci étant dit, ce livre éclaire les autres de
l'auteur ; l'on apprend d'où viennent les légendes qu'il exploita dans ses
nouvelles, quand et dans quelles conditions ont été écrits ses livres. L'on se
rend compte que l'homme était bel et bien un baroudeur, un explorateur, qu'il
navigua sur les mers les plus dangereuses, qu'il travailla dans une estancia, qu'il côtoya, finalement, ces
mythes, ces légendes, ces gens décrits dans Tierra
del Fuego et autres.
C'est donc un livre que je conseillerais aux
curieux qui ont aimé les livres de Coloane, afin de mieux saisir l'ampleur de
l'œuvre. Il me reste d'autres ouvrages de cet homme à lire, et je m'y
consacrerai prochainement, pour mon plus grand plaisir. En quatrième de
couverture, il est toujours cité pour ses livres cette phrase de Sepùlveda : «
Le plus grand écrivain du Chili… un géant ! » Si je n'ai pas la prétention de
maîtriser ni même de bien connaître la littérature chilienne, mon instinct de
lecteur me dit que j'ai bien à faire à un géant et cette autobiographie est une
bénédiction pour les étudiants en littérature et, je le disais, les curieux
amateurs des ouvrages de Coloane.