Encore un film assez remarquable d'Antonioni
avec au casting, rien moins que Mastroianni et Jeanne Moreau. Autant dire que
l'on a du lourd. Si Antonioni n'est pas mon réalisateur italien préféré, je lui
reconnais volontiers du génie. Nous sommes là dans une situation où un couple
se déchire durant une nuit, un couple qui s'est perdu. La situation est
parfaitement résumé par une jeune femme qui dit à Mastroianni, incarnant un
écrivain, qu'elle aimerait lire l'histoire du femme qui aime un homme, mais que
ce dernier n'aime pas. La femme laisserait partir l'homme avec une autre, pour
que cette dernière soit heureuse. Mastroianni répond : « Pourquoi ferait-elle
ça ? ».
Le personnage, campé par cette immense légende
du cinéma italien, cherche on-ne-sait-quoi chez d'autres femmes, de la
nymphomane hospitalisée à la fraîche Valentina. Quant à Jeanne Moreau, son
personnage est aussi en quête d'amour, qu'elle va chercher jusque dans les
bas-fonds de la ville, errant telle une âme en peine d'amour, ou auprès d'un
bel homme fortuné qu'elle rencontre dans une soirée avec son époux. Cette fête,
organisée par des gens riches, opposés au milieu du protagoniste, un
intellectuel, est écervelée, ne parle qu'argent et est frivole. Les invités
sautent dans la piscine, une femme mime des scènes grossières avec une statue
de satyre. Mastroianni se voit proposer d'écrire un document sur le management
et la communication interne d'une entreprise. Un invité plaisante à propos
d'Hemingway à qui il aurait proposé de rendre visite jusqu'à ce que l'écrivain
lui réponde que s'il le faisait, il lui tirerait dessus.
Dans cette fête où contrastent les
personnalités des héros et celles du reste des invités, Mastroianni et Moreau
se séparent, se déchirent. La femme est-elle amoureuse d'un homme qui ne l'aime
pas ou est-ce l'inverse ? Peut-être que le couple a encore ses chances.
C'est dans ce décor, dans ces personnages, dans
ces tirades complexes d'Antonioni que se passe ce film. Une belle réussite
d'Antonioni qui sait toujours autant maîtriser son art et ses acteurs.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire