Vérités et
mensonges
est probablement un des films les plus aboutis d'Orson Welles à mes yeux. Fort
d'une histoire incroyable et d'un montage à la fois nerveux et pertinent,
Welles dépeint la vie d'Elmyr, un célèbre faiseur de faux tableaux dans ce qui
est à la fois un documentaire et une irrésistible comédie. Racontée par Welles
en personne, l'histoire est entrecoupée d'interviews ou plutôt d'extraits
d'interviews, d'images d'archives, mêlant le vrai du faux, laissant le
spectateur démêler le faux du vrai.
Elmyr avait ce don incroyable d'être capable de
contrefaire les plus grands artistes (Modigliani, Picasso, Cocteau) et chacune
de ses œuvres fut expertisée comme véritable. Peintre raté, ne vendant pas ses
propres tableaux, c'est en vendant de faux Modigliani ou Picasso qu'il s'en
sortit et Welles, dans sa manière de nous conter ce récit, de monter ces
images, s'en sort en maître. Il mêle cela à sa fameuse blague radio sur
l'invasion martienne, rajoute de fausses histoires et n'oublie pas de parler du
non moins célèbre Clifford Irving, l'homme qui rédigea la biographie d'Elmyr et
qui était aussi passé maître dans la contrefaçon en rédigeant la fausse
autobiographie d'Howard Hughes. Le nom de ce dernier vous est familier si vous
êtes cinéphile (vous avez au moins vu Scarface,
l'original, dont il fut le producteur) ou ce nom vous dit quelque chose si vous
avez vu le très moyen voire médiocre Aviator
où DiCaprio incarne le personnage.
Mais revenons un court instant sur Vérités et mensonges et admirons le
talent de conteur de Welles, sa capacité à nous divertir au plus au point avec
l'histoire de ce Elmyr. Entrecoupées de blagues, de citations d'artistes, les
scènes, toujours courtes, dans sa réalisation — je l'ai déjà dit — nerveuse,
ont une force d'attraction incroyable. Ce film, bien moins célèbre que Citizen Kane mérite pourtant que l'on
s'y penche, qu'on le visionne et même qu'on le revoit.
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