J'ai beaucoup d'admiration pour l'œuvre de
Luchino Visconti et ce film la renforce.
L'histoire de ces pêcheurs siciliens fait écho
dans mon cœur à la patrie de mes ancêtres qui vivaient également de la pêche et
c'est donc avec cette fausse nostalgie,
celle qui naît d'une situation que l'on connaît par ouï-dire mais que
l'on n'a pas vécu, que j'ai regardé ce film. J'ai été saisi dès les premiers
instants par une photographie éblouissante alors même que Visconti, qui dut
vendre des bijoux provenant de sa mère ainsi que d'autres biens pour finir la
réalisation de ce long film (2h30 pour un tournage de sept mois).
Le réalisateur milanais a fait le pari de
prendre de simples gens pour interpréter les rôles, de vrais pêcheurs
siciliens, parlant leur langue, jouant presque leur vie. Dans un patois
inintelligible ils interprètent de manière convaincante des rôles terribles
dans ce drame sur l'inégalité, aux accents socialistes affirmés — le film a
partiellement été financé par le Parti Communiste Italien.
On ne sort pas indemne de ce visionnage, que
l'on partage ou non la vision de la société de Visconti, c'est-à-dire que si
vous n'êtes pas socialiste ou communiste, vous pouvez tout de même apprécier la
grandeur de ce cinéma, comme l'on apprécie La
grève d'Eisenstein. Contrairement à ce dernier, je dirais que Visconti est
plus subtile, sait davantage mener son histoire, tenir ses personnages et leur
complexité, leur lutte acharnée contre un ordre social établi dans ce drame.
Chef-d'œuvre du néoréalisme italien, La terre tremble m'a laissé sans voix
pendant un long moment, touché que j'étais par les destinées tragiques des
protagonistes, destinées magnifiées par une photographie sublime et une
voix-off terrible.
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