Le goût
du saké
est le dernier film réalisé par le grand Yasujirô Ozu (Voyage à Tokyo notamment). Cette fresque familiale est splendide en
plusieurs points. Tout d'abord, cette histoire d'un homme qui va marier sa
fille est poignante car elle nous confronte, comme dans Voyage à Tokyo à la vieillesse : M. Hirayama doit-il égoïstement
garder sa fille auprès de lui ou lui permettre de voler de ses propres ailes ?
En posant la question de la vieillesse et de la solitude, Ozu renoue avec
certains de ses anciens films et avec la thématique qui fit son succès.
Toujours habile, il nous pousse à nous interroger nous aussi sur cette
question.
Le casting est remarquable avec notamment
Chishû Ryû, héros récurrent des films d'Ozu et l'image, quant à elle, est
toujours magnifiée par le talent du réalisateur dont la caméra ne bouge jamais.
Les plans toujours fixes laissent s'exprimer les personnages, l'histoire.
Si je n'ai pas été aussi subjugué par ce film
que par Voyage à Tokyo, je reconnais
là un très bon film de ce grand homme où les décisions se font toujours autour
d'un verre, entre hommes. Mais les femmes ne sont jamais loin, elles servent,
écoutent, font parties de la conversation et quand elle sont à l'écran, comme
la fille du protagoniste, elles sont rebelles, grandies par un Ozu qui semble
faire fi des traditions de soumission de la femme car, si celle-ci est toujours
impliquée dans un mariage arrangée, elle s'émancipe peu à peu. Il y a cette
occidentalisation de la société japonaise avec ces femmes, avec leurs habits,
avec aussi les tenues des hommes. Ozu est un réalisateur moderne, dans le sens
classique du terme, c'est-à-dire qu'il tente de filmer la réalité du Japon (ici
du début des années 1960), s'interroge sur la guerre (Les japonais ont-ils bien
fait de la perdre ?), et nous livre un film tout en nuances.
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